Pas de paix sans paie

Mardi matin, huit chargés de cours de l’UQAM se sont postés devant le Département des ressources humaines pour réclamer leurs chèques de paie. En plus d’être laissés dans l’incertitude quant à la remise de leur salaire, ils pourraient se voir obligés d’emprunter pour travailler.

À leur grande surprise, les chargés de cours ont reçu, le 23 août dernier, un courriel de la part du vice-président à la convention collective du Syndicat des chargés de cours de l’UQAM (SCCUQ), Jocelyn Chamard, les informant qu’ils pourraient emprunter à la Caisse de la Culture Desjardins si l’argent venait à manquer.

En réponse à une demande du Syndicat, la Caisse de la Culture a accepté de mettre en place un mécanisme de prêt à un taux particulier de 4,1 %. Ce prêt, d’un maximum de 5000 $ et pour une durée maximale de 45 jours, est sujet à une approbation du bureau de crédit. Pour les membres de la Caisse de la Culture, la demande de prêt sera traitée automatiquement. Pour les personnes qui doivent devenir membres, il faudra procéder à une ouverture de compte à la caisse.

«C’est complètement ridicule, s’esclaffent des chargés de cours. Emprunter pour aller travailler?» Les chargés de cours n’ont pas été payés depuis le mois d’avril pour la session d’hiver. La paie de la session s’été, elle, tarde aussi. «J’ai reçu 12% de mon salaire de prévu pour la session d’été annulée, explique Alain Gerbier, chargé de cours en communication à l’UQAM. Ma dernière paie date du début du mois de juin!» Il affirme que la situation est «exécrable». Certains chargés de cours vivent dans l’instabilité financière. «L’Université n’est toujours pas capable de nous dire quand nous recevrons nos chèques de paie», s’indigne Yvette Podkhlebnik, co-organisatrice de l’événement et chargée de cours au Département des sciences de l’UQAM.

Joint par téléphone, le SCCUQ n’a pas pu expliquer les raisons pour lesquelles les membres n’ont pas été informés des conditions de paies lors des assemblées générales. «Tout était indiqué dans le message sur le site web», affirme Marjolaine Béland, vice-présidente à l’information. Dans ledit message, il n’est toutefois pas précisé que deux paies consécutives pourraient être repoussées.

«Ce qui me frustre le plus, c’est que le syndicat nous ait menti par omission, affirme Alain Gerbier. Nous devions remettre nos ententes d’évaluation jeudi dernier avant 13h00, dans lesquelles nous inscrivions le nombre d’heures de cours que nous allions donner». Le délégué syndical pour la Faculté de communication affirme que l’administration facultaire a «fait des pieds et des mains pour que tous les enseignants soient en mesure de remettre leur ententes d’évaluations à temps.» La Faculté aurait confirmé par courriel aux chargés de cours du département que toutes les données nécessaires leurs avaient été remises.

Alain Gerbier dénonce que le SCCUQ n’a pas averti ses membres de ces conditions lors des précédentes assemblées générales. «Ils ont eu peur que des chargés de cours décident de ne pas dispenser leurs cours dans ces conditions», croit Alain Gerbier. Cependant, le président du SCCUQ Zakaria El-Mrabet affirme que les chargés de cours ont été avertis et que «de toute façon, il ne pourraient déclender de grève en raison de la convention collective.

«Nous avons tout fait pour aider nos membres à fournir à la demande du service de la paie, confirme Zakaria El-Mrabet, aussi chargé de cours en mathématiques. Si les contrats sont bloqués à l’administration, le SCCUQ ne peut que faire pression pour accélérer le processus.» Il soutient toutefois que dans l’histoire des grèves à l’UQAM, ce délai est du «jamais vu».

«Les chargés de cours assurent 60% de la tâche d’enseignement de l’université, explique Alain Gerbier, qui a huit charges de cours par semaine. Cela démontre une total désinvolture et un mépris vis-à-vis des chargés de cours.»

Crédit photo: Andrée-Anne Côté-St-Laurent

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