La traversée des enfants sauvages

Les bibliophiles sont frappés par une vertigineuse certitude; l’impossibilité de tout lire. Surtout lors des rentrées littéraires, affolantes par la quantité de l’offre. En plus de toutes ces nouvelles plumes à découvrir, il y a cette multitude de nouvelles œuvres d’auteurs établis. Et je ne vous parle même pas des classiques qui trônent sur une pile toujours plus haute. D’où l’importance de faire des choix, afin de découvrir ce qui vaut réellement la peine d’être lu. Avec le temps, on se trompe moins, on sait choisir nos conseillers. Ainsi donc, pour cette seconde année à vos côtés, je vous propose mes humbles suggestions, en espérant qu’elles vous feront économiser un peu de ce précieux temps qui vient à nous manquer.

Pour débuter: La table des autres de Michael Ondaatje, auteur canadien d’origine sri lankaise qui nous revient cette année avec ce roman initiatique. S’embarquant pour une nouvelle vie à bord d’un paquebot qui le mènera au terme de 21 jours en Angleterre, un enfant de 11 ans, alter-ego de l’auteur, découvre la liberté des enfants sauvages. En compagnie des autres membres de la « table des autres », ces excentriques placés le plus loin possible de la table du commandant, ce jeune garçon découvre la vie loin de toute forme d’autorité, avec l’imagination et la curiosité de l’enfance.

À la fois raconté par le garçon et celui-ci devenu adulte, La table des autres tangue constamment entre naïveté et mélancolie. La galerie de personnages qu’on y rencontre n’a de cesse de nous étonner, par sa couleur d’abord, par son réalisme ensuite. Chacune des pages s’avère d’une finesse et d’une sensibilité qui n’auront aucun mal à vous fournir votre dose quotidienne de beauté. Le moins que je puisse dire, c’est que je n’ai perdu aucune minute de ce précieux temps dont je vous parlais.

La table des autres, Michael Ondaatje, Boréal, 2012, 256 pages.

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