Être partout à la fois

Une toge d’avocat, Marc-Antoine Cloutier n’en a pas encore besoin. De son bureau de Saint-Constant, l’étudiant en droit à l’UQAM se porte déjà à la défense de la veuve et de l’orphelin.

En plein cœur d’un quartier résidentiel de Saint-Constant, la clinique juridique Juripop est située audessus de quelques petits commerces. L’organisme a pour but de promouvoir l’accès à la justice pour tous. Dans son bureau, l’étudiant en droit de l’UQAM, MarcAntoine Cloutier, directeur général et fondateur de la clinique, parle au téléphone. Une fois à l’intérieur, on remarque rapidement un imposant sac de golf qui traîne, synonyme des nombreux tournois corporatifs qu’il devra jouer cet été. De son espace de travail, le fondateur aux traits enfantins voit grand. Il a pour but de toujours aider le plus de personnes possible et il vise bien plus loin que sa région.

À 22 ans à peine, MarcAntoine Cloutier ne tient plus de curriculum vitae. Incapable de dire non, il cumule les expériences et les implications sociales. Il consacre 60 heures par semaine à la clinique Juripop. «J’arrive au bureau à huit heures et je repars vers une ou deux heures du matin. Je ne dors que quatre heures par nuit», affirme le jeune qui semble heureux, même si sa vie sentimentale en écope. Une journée typique dans la vie du futur avocat est un vrai marathon. Il déjeune à la Chambre de commerce d’Industrie Royal Rousillon, il enchaîne six réunions, un lunch, six autres réunions dans l’aprèsmidi, un souper, un conseil d’administration et trois autres réunions jusqu’à 23h. «J’essaye de ne pas travailler les samedis, j’essaye…» dit-il en riant.

Au début du projet, il était loin de se douter que cela allait lui demander un agenda aussi chargé. MarcAntoine Cloutier qualifie même son projet de «naïf». L’idée de créer une clinique juridique lui est venue à l’esprit en 2009, avec deux autres étudiants, lors de leur première session universitaire. «Quand c’est parti, ça me prenait 10 heures par semaine. On allait aider des gens pendant plusieurs années, le temps de faire le baccalauréat», raconte l’étudiant en mangeant son fromage acheté plus tôt au Saguenay, lors d’une réunion. Il n’avait pas l’impression d’être à sa place lorsque le professeur leur a lancé qu’ils ne seraient probablement pas capables de se payer leurs propres services. «Je voulais être en droit pour quelque chose, révèle avec passion le futur avocat. Je voulais aider le plus de personnes possible et les cliniques juridiques sont limitées. Parce que les avocats et les étudiants ne peuvent pas donner de conseils gratuitement.»

Défendre la veuve et l’orphelin, Marc-Antoine Cloutier le fait depuis son plus jeune âge. Un peu comme Obélix est tombé dans la marmite de potion magique lorsqu’il était petit, lui est tombé dans l’implication sociale en prenant exemple sur ses parents. Ces derniers se sont battus pour que leur petite fille Marie-Philippe, atteinte d’une défi cience légère, ait accès aux mêmes services que les autres. «Lorsqu’il était jeune, il laissait ses jeux et ses amis du primaire pour protéger sa sœur, raconte sa mère, Johanne Van Winden. Il défendait instinctivement tous ceux qui vivaient une injustice.»

Son implication l’amène bien rapidement dans les comités étudiants et à l’avantscène de sa communauté. Le député François Rebello vient le chercher dans son salon familial, alors qu’il n’a que seize ans, pour le prendre dans son équipe. Malgré une entrée rapide dans l’univers politique, Marc-Antoine Cloutier a délaissé la partisanerie. «Si je faisais encore de la politique, je ne pourrais pas faire toutes les choses que je fais maintenant», soutient-il. Il serait tout aussi impossible selon lui de se présenter en toute honnêteté pour discuter de justice dans le bureau du ministre puisqu’il aurait une étiquette sur le front. Marc-Antoine Cloutier ne compte pas se lancer au provincial ou au fédéral à court terme ni à moyen terme, mais il n’écarte pas l’idée de se présenter à la mairie de Saint-Constant.

La justice utopique
Les petits projets qu’avait Marc-Antoine Cloutier en 2009 deviennent grands. D’ici les cinq prochaines années, le fondateur espère avoir des bureaux à Québec, Gatineau, Ottawa, Sherbrooke, Kuujjuak et Sept-Îles. «Un moment donné, ça va peut-être nous rendre moins pauvres, on va peut-être pouvoir en vivre un peu, dit-il sans regret. On ne sera jamais des avocats très riches, mais on va aider du monde. Être payé pour aider du monde, c’est fantastique.» L’existence de Juripop reste une sorte de dilemme éthique dans l’accès à la justice. Dans un monde parfait, Juripop n’existerait pas, selon MarcAntoine Cloutier. «En attendant, on fait la job de l’État et on espère qu’un jour le gouvernement va reprendre le flambeau», songe-t-il.

Courtoisie: Juripop

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