Roméo et Internet

L’avènement d’un nouveau réalisateur est toujours un moment de découverte attendue. Surtout lorsque celui-ci vient s’ajouter à la florissante cinématographie québécoise. Ivan Grbovic, diplômé en cinéma de l’université Concordia, propose avec Roméo Onze un cinéma authentique qui laisse entrevoir un avenir prometteur.

Pour son premier long-métrage, Grbovic met en scène la vie de Rami, un jeune homme atteint d’un handicap physique qui l’isole et le rend craintif à socialiser. Le seul moment où il arrive à prendre confiance en lui, c’est lorsqu’il s’assoit devant son ordinateur et retrouve cette identité virtuelle, celle de Roméo Onze, qu’il s’est créé au fil d’une correspondance amoureuse. La dimension la plus intéressante de l’histoire est toutefois celle de l’univers familial. Avec grande minutie, le réalisateur nous fait découvrir la dynamique d’une famille libanaise, avec ses valeurs et traditions qui sont parfois des embuches pour ce fils en quête d’autonomie.

Esthétiquement, le film est porté en grande partie par le travail de Sara Mishara. En ayant recours à un traitement naturaliste et sobre, son travail à la direction photo colle parfaitement au profond réalisme du scénario qu’elle a d’ailleurs coscénarisé aux côtés du réalisateur. Remarquée depuis sa collaboration avec Stéphane Lafleur, Mishara réaffirme un style qui lui est propre et établit une fois de plus sa signature. Sous la direction de Grbovic, elle parvient à filmer Montréal avec une touche de romantisme et de grandeur, comme si le regard de la caméra était en fait celui du personnage principal.

Grbovic a vraiment mis toute les chances de son côté pour réaliser un premier film marquant. Il est bâti sur un contexte culturel orignal, rarement montré au cinéma québécois, un sujet touchant, des acteurs au jeu solide et crédible et un travail impeccable des différents départements. Malheureusement, Roméo Onze nous laisse un peu sur notre faim. Le scénario s’essouffle tranquillement et échoue vers une finale qui déçoit quelque peu. Comme si l’histoire finissait par manquer de substance, ce qui étonne puisque la richesse de l’univers montré est très grande et que le film réussit autrement à être bien captivant. Un premier film à voir sans attentes, avec la certitude que le prochain sera mieux achevé.

Roméo Onze, d’Ivan Grbovic, Québec, 100 min.
À l’affiche depuis le 9 mars.

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