Oeil pour oeil

Un nombre record de personnes a participé à la manifestation annuelle organisée par le Collectif opposé à la brutalité policière, jeudi en fin de journée.

Au lendemain de cette manifestation, le bilan se chiffrait à 226 arrestations, à sept policiers blessés légèrement ainsi qu’à deux citoyens blessés par des manifestants. Parmi les arrestations, 36 ont été faites de façon isolée, pour des infractions criminelles uniques, telles que non respect de règlements municipaux, des voies de fait, des méfaits ainsi que pour une violation de la paix. Cent quatre-vingt-dix autres ont été faites en masse, vers la fin de la manifestation, au parc Émilie-Gamelin. «La plupart des individus arrêtés ont été identifiés puis relâchés. Seulement quatre d’entre eux, dont un mineur, demeurent détenus jusqu’à leur comparution devant le tribunal», rapporte le porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Raphaël Bergeron. Le SPVM dénonce d’ailleurs que le Collectif opposé à la brutalité policière ne donne jamais le trajet de ses manifestations à la police.

L’événement a donné lieu à des affrontements entre policiers et manifestants, en particulier les membres du Black Bloc, regroupement de casseurs habillés en noir. Ces derniers ont l’habitude de vandaliser le matériel considéré «capitaliste». En plus des projectiles lancés aux policiers, des pétards et des vitrines cassées, une voiture de police a été renversée par certains manifestants. La vidéo s’est rapidement répandue sur les réseaux sociaux.

Le SPVM assure que l’utilisation de bombes assourdissantes pour disperser les manifestants est un moyen efficace pour assurer la sécurité et la protection du public. «Quand des manifestants bloquaient la circulation automobile, comme hier sur la rue Sherbrooke, il fallait les disperser rapidement. On a toujours peur dans ce genre de situation qu’un automobiliste s’impatiente et fonce sur eux. Nous devions donc intervenir efficacement, soutient le sergent Ian Lafrenière, porte-parole du SPVM. Il faut faire en sorte qu’on ne blesse pas des gens tout en assurant la sécurité du public.» Il a dit toutefois avoir des regrets pour ce qui est arrivé à Francis Grenier, cet étudiant qui a reçu des morceaux d’une bombe assourdissante dans un œil lors d’une manifestation la semaine dernière.

Une justification qui ne convainc pas Jeanne Reynolds, porte-parole de la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE). «Lors de la manifestation devant les bureaux de Loto-Québec, alors que la foule était immobile depuis 1h, les forces policières ont réagi brutalement en lançant des bombes assourdissantes. Pourtant, rien ne nécessitait une répression policière de la sorte», lance-t-elle. Elle n’a d’ailleurs pas voulu commenter la manifestation de jeudi au nom de la CLASSE. Elle précise que ce sont les associations étudiantes qui voulaient y participer en soutien à Francis Grenier, et «qu’aucune directive n’est venue d’en haut» à cet effet.

Pour elle, les actes de désobéissance civile en cette période de grève étudiante sont souhaitables dans la mesure où ils restent non violents. «On remarque que les gens nous appuient dans ces gestes-là, et ils acceptent les conséquences qui vont avec par solidarité», souligne Jeanne Reynolds. Pour elle, de tels actes ont le mérite de «ramener le débat sur la légitimité de la désobéissance civile sur la place publique».

Quant aux manifestations étudiantes à venir, le SPVM assure qu’il s’ajustera en fonction de chaque situation. «On veut créer l’effet de surprise», affirme Raphaël Bergeron. Son collègue Ian Lafrenière s’est d’ailleurs dit «très encouragé» par la collaboration qui s’opère entre les étudiants et les corps policiers. Quant à la CLASSE, elle mise sur la diversité des actions entreprises pour dénoncer la hausse des frais de scolarité afin de mieux faire passer son message. Bien que la moitié des étudiants aux études supérieures soit en grève, Jeanne Reynolds admet que la semaine prochaine sera critique pour la suite des choses en raison du dépôt du budget.

Crédit photo: Charles-Éric Blais-Poulin

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