L’art au service de la cause

Qui a dit que les étudiants profitent des temps de grève pour partir se la couler douce sur les plages du Sud? Peut-être par le passé, mais cet hiver, les oiseaux migrateurs ont déposé leurs valises. Et les membres des associations historiquement plus revendicatrices ne sont pas les seules à arpenter les rues de la métropole; les étudiants artistes ont, cette fois-ci, eux aussi décidé de mettre leurs pinceaux au profit du carré rouge.

Ainsi, dès les balbutiements de la mobilisation de nombreux étudiants des Facultés des arts et des communications de l’Université du peuple ont mis sur pied l’École de la montagne rouge. Dans la même veine, on a pu voir des étudiants de théâtre – de l’UQAM encore – initier le mouvement bien visible de la Ligne rouge. Si à première vue, contester à l’aide de toiles, de sculptures et de pas de danse peut sembler bien faible au côté des actions plus criardes – bloquer un pont, par exemple – il n’en est rien. Et je vous avouerais qu’au départ, j’étais plutôt perplexe quant à la pertinence de faire des ateliers de coloriage pour attirer l’attention des têtes dirigeantes de la province. L’art est éphémère et souvent incompris. Dans cette optique, la question de la portée réelle des œuvres d’art en temps de grève se pose, à mon avis. Mais le temps, justement, m’aura donné tort, car force est toutefois de constater que ça fonctionne: les gens en parlent et s’interrogent. Les travailleurs «écœurés» par les perturbations étudiantes semblent plutôt réceptifs aux manifestations artistiques. De cette façon, les chorégraphies revendicatrices de la Ligne rouge ou les freezes organisés sous terre ont porté le mouvement d’un bout à l’autre du réseau de transport de la ville. Tous les jours, les étudiants de cette nouvelle ligne de métro se rejoignent à la station Jean-Talon, à la jonction des lignes orange et bleu. Le but: faire circuler le message à toute allure. D’une ligne à l’autre, de la station McGill à Montmorency, en passant par celle de l’Université de Montréal, les danses carminées ont transporté les revendications estudiantines. Et quand les steppettes des étudiants sont accompagnées de tracts explicatifs, c’est encore mieux.

Le 22 mars, pour la manifestation monstre qui s’est tenue à Montréal, les artistes de la Montagne y sont allés très fort avec leurs installations mobiles. Après tout, tant qu’à manifester, autant le faire avec originalité!

Dans 50 ans, les toiles auront disparu et les chorégraphies seront très probablement oubliées, même par ceux qui les auront dansées tous les jours de ce printemps 2012. C’est le principe même de l’éphémère. Mais la fierté d’avoir pris part au mouvement écarlate, de quelque manière que ce soit, reste. La fierté – et l’espoir pour le moment – de faire avancer les choses au-delà des lignes de métro.

Florence Sara G. Ferraris
Chef de pupitre Culture
culture.campus@uqam.ca

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