La révolte mélodique

Des artistes de la relève se sont relayés pour militer mélodieusement contre la hausse des frais de scolarité lors d’un marathon musical de 27 heures, ce week-end à Montréal. L’événement, organisé par le Mouvement de mobilisation des étudiants en musique (MMEM), visait à mettre en lumière les liens étroits unissant culture et éducation accessible.

Le coup d’envoi a été donné vendredi à 20h à l’église St. John the Evangelist, où la musique classique était à l’honneur jusqu’à 11h le samedi matin. Par la suite, c’était au tour du jazz et du pop de se faire entendre à l’Astral, une heure plus tard jusqu’au samedi soir, minuit. Au total, près de 200 artistes de la relève ont joué.

«La hausse des frais de scolarité entraînera nécessairement un appauvrissement culturel du Québec, puisque ceux qui étudieront en art ne seront pas nécessairement les plus talentueux, mais simplement ceux qui auront les moyens», déplore Maximilien Brisson, l’un des organisateurs du marathon. Le MMEM regroupe des étudiants en musique provenant de plusieurs universités et Cégeps, dont McGill, l’Université de Montréal, l’UQAM, le Cégep Saint-Laurent et le Cégep Marie-Victorin. Selon le mouvement, l’argument selon lequel un diplôme est un investissement personnel rapportant gros à l’étudiant est erroné, puisqu’il ne s’intéresse qu’à la moyenne des diplômés, sans tenir compte de l’écart salarial entre certaines professions.

Le marathon cherchait aussi à démontrer la grande qualité de la relève musicale, dont le Québec se priverait si la hausse des frais de scolarité était effective dès l’automne. «La communauté artistique a été très réceptive à notre projet. Nous avons eu la chance de compter sur la présence de quelques invités spéciaux, notamment les chanteuses classiques Emma Parkinson et Chantale Nurse, ainsi que le groupe d’humour Les Zapartistes», renchérit Maximilien Brisson. Alliant politique, chansons et parodies, le trio d’humoristes ne se s’est pas gêné pour critiquer le gouvernement libéral et la ministre de l’Éducation Line Beauchamp, représentée à l’aide d’une marionnette. «Les étudiants ne perdent pas leurs cours, ils apprennent à devenir des citoyens», ont-ils scandé devant une foule déjà conquise.

Au total, l’événement a nécessité plus d’une quarantaine de bénévoles et l’aide financière de plusieurs associations et syndicats. Avec une entrée gratuite et libre, difficile d’évaluer le nombre exact des participants, mais les organisateurs parlent d’un succès sur toute la ligne. «Considérant que les salles étaient remplies du début à la fin de l’événement, nous savons que plusieurs centaines de personnes sont venues, voire plus de mille», se réjouit Maximilien Brisson.

Avant le marathon musical, les étudiants en musique ont organisé quelques séances de mobilisation éclair dans des lieux publics. De plus, le MMEM s’assure de la présence de musiciens durant les manifestations étudiantes. Le responsable des communications du MMEM, Dominique Boisvert, se félicite de l’engagement soutenu des grévistes. «Après un mois de grève, les étudiants ont encore de l’imagination pour se faire entendre», a-t-il déclaré quelques heures avant la fin du marathon.

Crédit photos: Stéphanie Maltais

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *