Peur et dégoût à l’UQAM

Les jours où il fonctionne, mon compte courriel UQAM me laisse perplexe. Déjà le 16 janvier dernier, à peine la session entamée, un premier courriel de la direction de l’Université m’a laissé un certain malaise. À première vue inoffensif, le courriel de la vice-rectrice Diane L. Demers sur les prolongations de sessions décrétées dans le passé avait un je-ne-sais-quoi de déstabilisant.

Entre les lignes, on pouvait distinguer un avertissement ferme. «Avant de voter pour la grève, pensez à vos vacances d’été qui fonderont comme neige au soleil», susurrait dorénavant la petite voix à l’oreille de l’étudiant ambivalent qui s’apprêtait à aller à son assemblée générale. Mais, tout en subtilité, le message pouvait se lire autrement. «Faites la grève sans crainte; jamais dans l’histoire une session n’a été annulée!» lisaient les militants les plus convaincus. La vice-rectrice au soutien académique et à la vie étudiante laissait planer la menace de sanctions, en préservant les apparences. Pour une fois, l’UQAM ne réagissait pas de façon aussi outrancière à l’éventualité d’une grève étudiante, sans pour autant cautionner les actions de ces fauteurs de troubles.

L’écran de fumée s’est dissipé le 10 février dans un courriel aussi décousu que ridicule sur la définition du mot «illimité». La vice-rectrice, qui s’était montrée si habile dans sa première missive, s’effondrait dans un sophisme presque loufoque. «La Commission des études pourrait se retrouver dans la situation ou [sic] des mesures de compensation et prolongation ne seraient plus possibles advenant une durée véritablement illimitée de votre action», écrit-elle, le plus sérieusement du monde. Oui, madame la vice-rectrice, nous comptons faire la grève jusqu’à ce que mort s’ensuive. Merci de nous faire voir toute l’absurdité de notre entreprise! Le jour même, les insultes fusaient sur les réseaux sociaux et les sarcasmes à la solde de la vice-rectrice se propageaient comme une trainée de poudre.

Son erreur ne lui a pas échappé. Le lundi suivant, l’auteur(e) du courriel «Info Direction» suivant se réfugiait derrière le masque froid et impersonnel de l’administration uqamienne en signant d’un simple «La Direction». Les mises en garde étaient sensiblement les mêmes, mais le texte avait perdu sa touche «subliminale».

Force est de constater que le temps des menaces mollasses et sans conviction tire à sa fin. L’heure est à la Tolérance Zéro pour l’administration de l’Université du peuple. Déjà, les hauts dirigeants fourbissent leurs mises en demeure. Et gare aux étudiants qui tenteront de brimer le droit de leurs collègues d’étudier en paix; «la Direction entend leur faciliter ce droit». Par tous les moyens possibles.

 

Émilie Clavel

Rédactrice en chef

redacteur.campus@uqam.ca

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