La TELUQ à nouveau célibataire

Le glas a sonné. La séparation depuis longtemps annoncée de l’UQAM et de la TELUQ doit se concrétiser dès ce printemps. Celle-ci ne semble toutefois pas être en mesure de déménager dans les délais prévus.

Après une cohabitation de sept ans, la TELUQ est sommée de quitter le campus de l’UQAM. Son indépendance retrouvée, elle devra plier bagage et se retirer des locaux du pavillon SU au 110 rue Sherbrooke avant le 30 avril. Voilà que la Télé-Université fait face à une nouvelle délocalisation qui lui coûtera la rondelette somme de 6 M$. À moins de trois mois du déménagement, aucune entente n’a été signée pour officialiser la séparation et la TELUQ ne semble pas être prête à partir.

La fusion de l’UQAM et de la TELUQ se voulait avantageuse pour les deux parties. L’UQAM bénéficiait d’une accessibilité à un plus large public et la TELUQ profitait de la réputation de l’Université. Depuis 2005, rien ne semble pourtant avoir tourné rond dans cette union. Le 30 mars 2010, la TELUQ a pris la décision de redevenir une École Supérieure indépendante. «Il n’y a pas eu d’écoute de la part de l’UQAM, c’est pourquoi la TELUQ a voulu retrouver son autonomie», déclare Geneviève Breault, présidente de l’Association étudiante de la Télé-Université (AETELUQ). L’UQAM est maintenant désireuse de récupérer ses locaux au pavillon SU qui accueilleront le département de psychologie lors de la mise en œuvre d’un futur projet immobilier (voir encadré).

Alors que l’UQAM semble convaincue que ses locaux seront libérés en date du 30 avril, la TELUQ a anticipé un conflit d’horaire depuis un moment. Dans le procès-verbal de son Conseil de gestion qui a eu lieu le 6 décembre dernier, on peut lire que «le directeur des affaires administratives par intérim indique qu’il ne peut y avoir de déménagement tant que la Télé-Université n’aura pas reçu de financement. Il est donc difficile de prévoir un déménagement pour la fin d’avril 2012». Pault Préseault, directeur des affaires administratives de la TELUQ, soutient pourtant que l’UQAM en a été avisée. Selon Geneviève Breault, il serait plus réaliste d’envisager un déménagement pour novembre prochain. L’UQAM a refusé de se prononcer quant aux mesures qu’elle entreprendrait advenant un départ tardif de la TELUQ. Aucun nouveau bail n’a encore été signé par l’administration de la Télé-Université. Toujours selon Geneviève Breault, la TELUQ envisage de signer un bail de 20 ans au coût de 1 450 000$ par année au 5800 rue St-Denis, un immeuble de bureaux à 12 étages situé à proximité du métro Rosemont. Ces coûts annuels seront couverts par un financement du Ministère de l’Éducation et par des redevances du réseau de l’Université du Québec. La direction de la TELUQ n’a toutefois pas été en mesure de confirmer ces informa- tions. «Le montage finan- cier pour le déménagement “à la demande de l’UQAM”, n’est pas encore terminé», a simplement précisé Paul Préseault..

«Non, l’UQAM ne paiera pas pour le déménagement de la TELUQ», a affirmé par courriel la vice-rectrice aux affaires administratives de l’UQAM, Monique Goyette. La TELUQ devra donc assumer seule ses frais de déménagement et d’aménagement de nouveaux locaux dont le paiement pourrait s’échelonner sur une dizaine d’années. «Ça n’a pas de bon sens, s’indigne Geneviève Breault. On va devoir aller chercher cet argent dans les poches des étudiants qui se sont opposés à la défusion.» La présidente de l’AETELUQ s’inquiète de voir ces coûts prélevés des frais afférents sur la facture des étudiants alors que les services pour lesquels ils paient restent les mêmes.

Un étudiant à la TELUQ paierait une facture très similaire à celle d’un étudiant de l’UQAM. Toutefois, les premiers n’ont pas accès à autant de services que les étudiants de l’Université, qui ont droit à des services d’orientation, de soutient psychologique et de gestion de stress. «On ne sait pas ce qu’on fait avec cet argent puisque nous n’offrons pas les services pour lesquels nous les prélevons, admet Geneviève Breault en faisant référence auxdits frais afférents. C’est avec les frais des services étudiants et les frais de technologie qu’on va payer le déménagement.»

Tout porte à croire qu’un bail sera signé bien que la TELUQ enregistre une baisse d’inscription depuis quelques trimestres. Le procès verbal du 6 décembre dernier révèle que la fréquentation étudiante était déjà en baisse de 5 % par rapport à l’année précédente. Cette dissociation de l’UQAM pourrait être très dommageable pour la TELUQ qui, depuis sept ans, offrait des diplômes avec le prestigieux sceau de l’Université. Ceux qui se sont inscrits avant la défusion auront néanmoins la certitude d’obtenir un diplôme arborant le nom de l’UQAM. «C’est légitime d’envisager une baisse de la fréquentation. Les étudiants sentent qu’ils se sont fait avoir dans cette histoire, estime Geneviève Breault. Il y a beaucoup de travail à faire pour regagner la crédibilité de la TELUQ auprès des étudiants.»

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Un casse-tête immobilier
Le Plan directeur immobilier présenté en avril 2011 prévoit la libération des locaux occupés par la Télé-Université et le CLSC Sanguinet pour 2012 et 2014 respectivement. Le pavillon SU, présentement occupé par la TELUQ, fera place au département de psychologie. L’UQAM prévoit par ailleurs la construction d’un tunnel entre le pavillon SU et le métro Place-de-Arts.

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