L’UQAM manque le train

Pendant que les étudiants des universités de Sherbrooke et de Montréal profitent d’un titre de transport à moindre coût, l’UQAM tarde à suivre la parade.

Fatigués d’être à la merci des hausses de tarif du transport en commun, les étudiants de l’Université de Montréal (UdeM) ont pris les choses en main. Imitant leurs homologues de l’Université de Sherbrooke, ils ont mis sur pied l’automne dernier un système de cotisation universelle leur permettant d’obtenir un tarif réduit applicable aux étudiants de tous âges. Mais si l’expérience semble fonctionner ailleurs, l’UQAM, elle, traine de la patte.

Le projet Carte Campus a été conclu grâce à une entente avec la Société des transports de Montréal (STM). «Il y a deux ans, on a fait une tournée pour présenter le projet à d’autres universités. Il y a eu discussion avec l’UQAM, mais elle n’a pas donné de suite à la proposition», raconte Marianne Rouette, conseillère corporative à la Société de transports de Montréal (STM).

Selon Jennifer Desrochers, conseillère en relations de presse à l’UQAM, «l’Université n’a pas participé à ce projet de la STM en raison de problèmes de protection des renseignements personnels liés au sondage. D’autant plus que le programme semble favoriser uniquement certaines catégories d’étudiants en termes d’âges et de lieu de résidence.» Elle ajoute toutefois que l’UQAM poursuit son observation de ce qui se fait à l’UdeM et reste ouverte aux propositions des étudiants. «C’est un travail de longue haleine, mais ça passe par la demande formelle des étudiants et un vote. Dans ce cas, l’administration ne s’y opposera certainement pas», précise la directrice des Services à la vie étudiante, Manon Vaillancourt.

Du côté de l’UdeM, le rapport aux transports en commun a complètement changé depuis l’initiative de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM). «Si tu as 26 ans et plus, tu n’as pas accès au tarif étudiant. Si on tient pour acquis que ce sont eux qui sont au cycle supérieur, qui étudient depuis plus longtemps et sont donc plus endettés, ça me paraît injuste», commente Stéfanie Tougas, secrétaire générale de la FAECUM. Touchés par cette condition, les étudiants de l’UdeM ont lancé le projet, appuyés par l’administration. Le projet a obtenu l’approbation de 80,2% des étudiants. Seul bémol, le projet n’est accessible qu’aux membres de la FAECUM résidant à Montréal.
Contrairement à l’UdeM, l’UQAM ne possède pas d’association regroupant tous les étudiants. Il faudrait donc que les sept associations facultaires votent séparément sur la cotisation. Alain Savard, responsable des communications de l’Association facultaire étudiante de science politique et droit admet que la décentralisation des pouvoirs associatifs ralentit ce genre de processus.

Le Groupe de recherche d’intérêt public de l’UQAM (GRIP), semble l’organisation la plus à même d’entamer des démarches. Michael Brophy, co-coordonateur du GRIP avoue toutefois ne pas avoir travaillé sur cet enjeu «depuis 8 ans». Il se dit intéressé puisque le projet semble rejoindre les valeurs véhiculées par le GRIP.

Sujet délicat
À l’Université de Montréal, un joueur important s’est invité à la table des négociations: l’entreprise privée. «C’est la Banque Laurentienne qui a permis de réduire les coûts», précise Stefanie Tougas. En injectant 200 000$ dans le projet, la Banque Laurentienne a fait passer le coût d’une passe mensuelle pour étudiant montréalais de 41$ à 37,25$. Au départ, la Banque proposait de faire des tournées sur la santé financière dans les classes. «Nous avons été très clairs avec eux, assure Stefanie Tougas. Il n’était pas possible de venir faire des conférences à l’Université; c’était non négociable.» Finalement, ils n’ont obtenu qu’une publicité derrière le porte-carte et un kiosque temporaire.

À l’UQAM, la présence d’une institution privée dans un possible partenariat pourrait être moins bien reçue. «L’entrée du privé à l’UQAM a toujours été très contestée, rappelle Manon Vaillancourt. Il faudrait un consensus des divers groupes internes.»

Le partenariat entre la Banque Laurentienne et l’Université de Montréal n’est pour l’instant qu’un projet pilote, à l’essai jusqu’à la fin de l’année scolaire. Marianne Rouette, conseillère corporative à la STM, et Stefanie Tougas assurent qu’il faudra attendre le bilan et l’avis des étudiants avant de reconduire le projet. Elles semblent toutefois avoir confiance en son avenir.

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Sherbrooke, chef de file
L’UdeM n’est pas la première à faire le saut vers une cotisation universelle pour le transport en commun. Le projet Carte Campus a un prédécesseur à l’Université de Sherbrooke depuis 2004. Aux prises avec un grave problème de manque de stationnement, elle a décidé d’investir dans un partenariat avec la Société des transports de Sherbrooke (STS), offrant ainsi à chaque étudiant un accès illimité au réseau. «L’achalandage a bondi de 127% dès la première année», affirme la directrice générale de la STS, Huguette Dallaire. Le succès du projet a été tel que les étudiants doivent maintenant payer une cotisation de 27,52$ par session, puisque l’administration ne pouvait plus assumer de tels coûts.

Crédit photo: Florence Sara G. Ferraris

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