Mémoires d’une guerre oubliée

Les fantômes de la guerre civile d’Algérie reviennent hanter les mémoires dans le cadre de l’exposition Le dernier été de la raison, présentée à la Galerie de l’UQAM jusqu’au 18 février 2012. Projet de maîtrise de la finissante en arts visuels et médiatiques, Nadia Seboussi, l’exposition relate, en textes et en images, les horreurs engendrées par ce conflit.

C’est dans un décor minimaliste que sont présentés différents médiums comme la vidéo, l’image et l’écriture qui viennent appuyer le propos central de l’artiste. L’élément frappant de l’exposition réside dans sa corrélation directe avec le monde du journalisme. Des affiches illustrant les «unes» principales de divers journaux algériens durant le conflit se retrouvent le long des murs. Elles illustrent essentiellement les déboires de la guerre: assassinats, explosions de bombes, civils tués, etc. «J’ai choisi d’utiliser ces affiches parce qu’elles représentent les journaux qui ont été publiés sous la censure durant cette période-là», indique Nadia Seboussi. Divers écrans ont également été installés aux murs. Ils présentent, sous la forme d’un documentaire, des témoignages décrivant l’état de terreur et d’insécurité politique dans lequel était plongé le pays.

Le dernier été de la raison se veut avant tout une rétrospective des évènements marquants de cette guerre. «L’idée principale est de cibler ce qui s’est passé en Algérie durant les dix dernières années, explique l’artiste. J’ai voulu arrêter le temps et faire travailler sur ce drame, parce qu’aucun deuil ni commémoration n’ont été faits à la suite des évènements.»

Le sujet prend une tournure personnelle auprès de l’artiste. D’origine algérienne, Nadia Seboussi a été touchée de près par ces évènements. «À l’époque, j’étais journaliste dans la presse écrite en Algérie, j’ai donc vécu la guerre civile», raconte-t-elle. C’est également l’une des raisons qui justifient le choix des affiches. «Plusieurs journalistes et amis de la profession ont été tués pendant la guerre. C’est pourquoi la plupart des affiches présentent des couvertures médiatiques d’assassinats d’intellectuels.»

Nadia Seboussi admet que le projet a en partie été inspiré par le journaliste et écrivain Tahar Djaout, premier journaliste à avoir été tué pendant la guerre en Algérie. «Le titre de l’exposition fait référence au livre inachevé de Tahar Djaout. J’ai volontairement repris le titre afin de lui rendre hommage», conclut-elle.

Le dernier été de la raison de Nadia Seboussi est présentée du 13 janvier au 18 février 2012, du mardi au samedi de 12h à 18h, à la Galerie de l’UQAM.

Crédit photo: Marie-Ange Zibi

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