Redonner vie au béton

À l’occasion de la Journée de réflexion sur l’avenir du Parc olympique de Montréal, mercredi le 5 octobre prochain, le nouveau doctorant Romain Roult, et le professeur au département de géographie Sylvain Lefebvre, tous deux de l’UQAM, offriront des pistes de réflexion sur l’avenir du Stade olympique de Montréal. Selon eux, l’installation olympique pourrait être réutilisée aussi efficacement que celles de Barcelone et Sydney.

Professeur au département d’étude en culture, loisir et tourisme à l’Université du Québec à Trois-Rivières et chercheur permanent au Groupe de recherche sur les espaces festifs (GREF), Romain Roult a obtenu, vendredi dernier, son doctorat avec une mention exceptionnelle du jury pour sa thèse «Reconversion des héritages olympiques et rénovation de l’espace urbain: le Stade olympique comme vecteur de développement». Il travaille en étroite collaboration avec son directeur de thèse, Sylvain Lefebvre. Initiative du personnel du département de Géographie de l’UQAM, le GREF se veut un vecteur de promotion de la recherche et de l’enseignement dans le secteur urbanistique.

Dans le cadre de sa thèse, Romain Roult s’est intéressé au sort postolympique du Stade olympique de Montréal. L’édifice conçu par l’architecte Roger Taillibert a fait couler beaucoup d’encre et causé plusieurs maux de tête au cours de ses 35 années d’existence. Modèle d’échec postolympique selon le Comité international olympique (CIO), le Stade aurait coûté plus de 1.1 milliards de dollars et est aujourd’hui pratiquement inutilisé. Dans une vidéo publiée sur la page Facebook du GREF, le directeur de thèse de Romain Roult et membre du jury de la soutenance, Sylvain Lefebvre, parle du Parc olympique comme d’un endroit où il ne fait pas bon vivre en ce moment. Il désigne les alentours du Stade comme des lieux bétonnés auxquels il est crucial de redonner vie. Vendredi dernier, le désormais docteur a présenté sa thèse comme une piste de solutions afin de «planifier, aménager, gérer et exploiter un grand équipement sans qu’il ne devienne un éléphant blanc. Selon lui, le Stade souffre du «complexe de Cendrillon»: il n’a pas été pensé correctement en fonction de sa vie après les Jeux.

Lors de la période de questions, le président du jury et professeur au département d’études urbaines et touristiques Pierre Delorme a relativisé la classification du stade de Montréal en tant qu’«échec olympique». «Il ne faut pas oublier qu’il y a une différence entre un stade construit en 1976 et un stade construit 2000», soutient-il, faisant référence aux progrès constants en matière de technologies et de planification. «Le problème, a expliqué Romain Roult, c’est que les villes ne suivent pas toujours les recommandations du CIO en matière de planification des installations olympiques». En ce sens, Montréal a été un exemple à ne pas suivre pour les villes hôtes qui lui ont succédé.

Un investissement récupérable
Romain Roult croit toutefois que l’argent des contribuables n’aura pas été dépensé en vain et qu’un second souffle pourrait être insufflé à l’édifice olympique. Il appuie son hypothèse sur l’état actuel des stades de Barcelone et de Sydney. Selon ses analyses, autant au niveau de l’efficacité des installations que de la rentabilité, les stades de Montréal, Barcelone et Sydney ont obtenu respectivement 36%, 64% et 76% de réussite. Les deux stades étrangers ont été réaménagés après les Jeux afin d’être utilisés par les populations locales, ce qui n’a pas été le cas à Montréal. Segmenter le stade en sections plus petites et plus polyvalentes serait une façon de maximiser le potentiel d’utilisation de l’édifice. Le chercheur souligne néanmoins que la question du toit du bâtiment devra être réglée avant d’effectuer de tels travaux. Michel Archambault, membre du jury, entrevoit toutefois l’avenir positivement. «Cinquante ans c’est long, mais c’est court dans une perspective historique.»

Crédit photo: Camille Carpentier

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