Manon danse encore le ska

Premier Festival Ska à Montréal

Les fans de ska ressortent des boules à mites leurs vieilles bretelles et leurs souliers Converse pour le premier Festival Ska de Montréal. Il s’agit d’un retour en force  pour ce genre musical qui a fait danser les adolescents des années 1990.

Photo Jean-François Hamelin

Dès les premières notes du groupe The Hangers, les fidèles se précipitent vers la scène pour fêter la résurrection du ska. L’évènement a eu lieu les 10 et 11 octobre au Club Soda, devant un public fébrile. Un défi de taille pour les organisatrices Catherine Marchand et Valérie Desnoyers qui se sont donné pour but de créer le Festival Ska à Montréal.

L’aventure a commencé en août 2008, lorsque les deux filles ainsi que plusieurs autres mélomanes, ont fondé la Société Ska, un organisme à but non lucratif qui tente de promouvoir ce style musical. Fusion entre punk et reggae, le ska est né en 1960 et s’est vite répandu aux Etats-Unis et en Angleterre. «Dans les années 1990 on a vu une grosse vague de ska avec des groupes comme Catch 22 et Reel Big Fish ainsi que The Planet Smashers à Montréal», se rappelle Valérie Desnoyers. Une décennie plus tard, l’âge d’or du ska était révolu. «En 2000, on a vu une baisse notable de la popularité du mouvement ska un peu partout, mais je crois que depuis quelques années le mouvement reprend sa croissance«, raconte-t-elle.

Pour le premier festival ska de Montréal, les organisatrices souhaitent mettre l’accent sur les groupes de la relève. Les responsables promettent de mettre à l’avant-scène les formations locales. Les fondateurs de la Société Ska sont très enthousiastes et optimistes pour le futur. Ils espèrent que ce festival d’envergure sur la côte Est canadienne aura autant d’impact après quelques années de rodage que celui de Victoria, qui a invité des gros noms canadiens et américains comme The Mighty Mighty Bosstones et Mad Caddies.

Attache tes bretelles!

Tous les artistes présents au festival étaient d’accord sur une chose: il était grand temps que Montréal ait son propre festival ska. «La métropole a été longtemps une grande plaque tournante du ska au Canada. C’était triste de voir notre ville natale sans un évènement du genre parce que déjà plusieurs villes comme Victoria, Winnipeg et Ottawa ont leur propre festival», raconte la pétillante Lolo, chanteuse du groupe The Fabulous Lolo. Pour elle et pour plusieurs autres groupes originaires de la métropole comme The Beatdown ou Danny Rebel & the KGB, il est toujours d’une importance capitale d’en donner plus au public montréalais.

Les producteurs et les compagnies de disques jouent désormais un rôle important dans la survie du style musical festif. Big Wheel Records est une compagnie de disque punk et ska qui se concentre principalement à aider les groupes locaux à pousser plus loin leur créativité et leur talent. La disparition de la scène ska n’est pas due à un manque d’intérêt du public mais plutôt un manque de ressources pour les artistes, croit l’une des fondatrices de l’entreprise, Maxime D. Pomerleau. »En majorité les groupes doivent tout faire eux-mêmes, de la production de l’album à leur promotion et leur “booking”. S’il y a une nouvelle vague du ska, elle sera portée par la relève locale», explique-t-elle

Toujours vivant

Les artistes et les producteurs demeurent réalistes, il est impossible de ramener la vague monstre des années 1990. Par contre, la société évolue, les temps changent et le ska aussi. Si un nouvel engouement a lieu, il sera porté par la relève locale, croit Maxime D. Pomerleau. « Il ne s’agit pas de savoir si la nouvelle vague ska ressentie un peu partout au Canada égalera la précédente; le fonctionnement, les ressources et les influences sont aujourd’hui différentes de ce qu’ils étaient il y a dix ans.» Elle souligne que les groupes ska modernes explorent à présent différents genres musicaux pour en faire une symbiose. Il en résulte un son bien particulier marqué autant par une sonorité «indie-rock» que «hardcore». «Le défi pour avoir une scène locale ska en santé se trouve beaucoup plus du côté de la promotion et de la production de spectacles, qui est difficile et peu retable, et du public, qui est petit et fermé, plutôt que sur la qualité des groupes qu’on y retrouve», avance Maxime D. Pomerleau. Les mélomanes montréalais nostalgiques peuvent se rassurer, le ska n’est pas mort.

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