Haute surveillance

Service d’escorte préventive à l’Université

Une fois le soleil couché, vous tremblez de peur dans les corridors glauques de l’UQAM? Quand la menace rôde sur le campus, appelez à la rescousse un garde du corps personnel, gracieuseté de votre Université.

Le campus de l’Université vous donne la chair de poule? Vous avez peut-être raison de vous inquiéter. Afin de rassurer la communauté étudiante, l’UQAM offre un service d’accompagnement préventif en tout temps. Un service méconnu des uqamiens et pourtant indispensable dans un quartier où l’on dénombre près de 800 agressions par an.

En composant le 3101, toute personne qui se trouve sur le terrain de l’UQAM peut être accompagnée lors de son trajet par un agent de sécurité. «Aucune escorte préventive n‘est refusée. Ce service d’accompagnement est offert à tous, 24 heures sur 24», explique la responsable du service, Valérie Lavoie.

L’agente de sécurité met toutefois un bémol sur la disponibilité de ce service. «Toute personne sera escortée sur une distance raisonnable, c’est-à-dire dans le périmètre de l’Université. On pourrait par exemple accompagner une professeure jusqu’à sa voiture si elle est garée au coin des rues Maisonneuve et Sanguinet, mais nous ne traverserons pas la ville pour la ramener jusque chez elle à Laval.»

Le temps d’attente avant qu’un agent ne se présente est très variable. «Ce n’est pas un appel prioritaire. Si d’autres incidents sont signalés au même moment, par exemple une alerte d’incendie, l’attente peut devenir beaucoup plus longue», admet Valérie Lavoie. Cette dernière estime le délai moyen à environ 20 minutes.

L’UQAM offre le service d’escorte préventive depuis plus de dix ans, mais «beaucoup de gens ignorent son existence. Et ceux qui le savent ont peur de déranger nos agents dans leur travail».

Pourtant, le centre-ville est loin d’être exempt de criminalité. En 2007, Montréal a gagné la palme de la ville la plus dangereuse de la province avec un taux de criminalité de 10,6 %, et ce, même si la criminalité y a baissé du quart en dix ans. La même année, le Service de police de la Ville de Montréal a dénombré 15 000 infractions sur le territoire géré par le poste de quartier 21, qui couvre notamment l’Université.

Le commandant Alain Simoneau n’est pas surpris d’apprendre que l’UQAM offre ce service. D’ailleurs, le responsable du poste de quartier 21 travaille souvent de pair avec le service de la prévention et la sécurité de l’Université.

Malgré une recrudescence du trafic de stupéfiants et une augmentation de la population itinérante dans le quartier, le policier demeure convaincu que le campus universitaire reste sécuritaire. «Le quartier n’est pas plus dangereux qu’il y a deux ou cinq ans. En fait, le taux de criminalité a baissé de 2% dans la dernière année.»

L’heure du test

Montréal Campus a testé l’efficacité du service d’escorte préventive de l’UQAM. Trois collaborateurs, un étudiant et deux étudiantes, ont fait appel au service la même semaine. Les appels ont été effectués à partir de bâtiments distincts — les pavillons Judith Jasmin, Ste- Catherine et Sherbrooke — à trois moments différents de la journée.

Dans le cas des deux étudiantes, un agent était sur place dans les dix minutes suivant la demande. Il s’est montré courtois et rassurant envers elles et n’a pas cherché à savoir la raison de leur appel. En raccompagnant l’une d’elles, le gardien Guy Hamelin a confié son inquiétude de voir des jeunes femmes circuler seules sur le campus, particulièrement dans les stationnements du centre-ville. Selon plusieurs agents, la plupart des personnes qui ont recours à une escorte préventive sont des femmes qui ont été menacées ou intimidées dans les jours précédant l’appel.

La courtoisie des gardiens de sécurité connaît toutefois des limites. Au Judith-Jasmin, l’agent a refusé de s’aventurer dans le métro sous prétexte que son walkie-talkie cessait d’y fonctionner. Dans le pavillon Sherbrooke, impossible de se faire reconduire au-delà du métro Place des Arts. Quant à l’étudiant, personne n’est venu suite à son appel. En apprenant la nouvelle, Valérie Lavoie a été estomaquée. «Aucune discrimination basée sur le sexe du demandeur ne sera tolérée. Nos agents doivent absolument répondre à toutes les demandes d’escorte.»

Surveillance répandue

Le service d’escorte préventive n’est pas unique à l’UQAM. L’Université McGill offre pour sa part un raccompagnement par les pairs, baptisé Walksafe. Contrairement à l’UQAM, Walksafe n’a aucune restriction quant à la longueur du parcours. «Un étudiant vivant dans l’Ouest de l’île peut demander à être accompagné jusqu’à l’école sans problème», explique le superviseur du service de sécurité de l’Université McGill, Patrick Fiorelli. À Concordia, un système semblable a été aboli il y a quelques années faute de demande.

L’escorte préventive offerte à l’Université de Montréal (UdeM) est également très peu sollicitée, indique Carole Aubry, du Bureau de la sûreté de l’établissement. Cette dernière croit le campus de l’UdeM plus sécuritaire que les campus situés au centre-ville. «L’UQAM est un secteur plus à risque. La faune nocturne y est sensiblement différente.»  
Le commandant du poste de quartier 21, Alain Simoneau se veut rassurant: «Le quartier de l’UQAM n’est pas malfamé, je vous le garantis. Si vous vous présentez au coin Sanguinet et Sainte-Catherine à deux heures du matin, il n’y a aucun danger!»

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L’intuition, une arme fatale

Instructeur d’autodéfense, Paul de Tourreil croit que la société entretient plusieurs mythes au sujet des agressions. «Le stéréotype de l’homme mystérieux avec le trenchcoat n’existe pratiquement pas. Dans 80% des cas, l’agresseur est connu de la victime. La personne peut être un collègue, un voisin, un ami ou même un membre de votre famille.» Il dénonce les techniques d’autodéfense dévastatrices et sauvages enseignées par certains de ses confrères. «Seriez-vous prêts à crever les yeux ou déchirer les oreilles de votre mononcle Serge qui a pris une bière de trop?»

Voici quelques conseils qu’il donne plutôt à ses étudiants:

– Si vous vous sentez suivi, changez de trottoir ou arrêtez de marcher. Si vous êtes incapable de semer l’individu, demeurez sur vos gardes. Si vous êtes certain d’être suivi, recherchez la présence d’une ou de plusieurs personnes. Par exemple, joignez-vous à un groupe ou amorcez une conversation avec quelqu’un qui vous inspire confiance. Vous pouvez également entrer dans un commerce ou un autre endroit public.

– Si vous êtes suivi dans votre quartier, n’entrez pas dans votre résidence immédiatement. Cela indique à votre agresseur où vous habitez.

– Rappelez-vous que vous êtes votre première ressource en cas d’agression. Faites-vous confiance et fiez-vous toujours à votre intuition.

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